Épisode 4 – Si La Vallée m’était conté
1ère partie
Archingeay autrefois
Nous comptons parmi les bâtiments de la commune certains chargés d’histoire. Parmi ceux-ci, un en particulier qui est riche en histoire. A travers le temps, nous allons remonter depuis sa fondation. Dans son noble lignage, nous rencontrerons des seigneurs de ce château dont certains étaient de hauts dignitaires avec des charges dans les hautes sphères de la société.
Pour trouver ce joyau d’histoire, il faut emprunter la route du château. Vous longerez une allée de marronniers. Au bout, vous serez accueilli par cette magnifique demeure.
Cet article est aussi un hommage au rédacteur d’un ouvrage sur l’histoire du château. Henry Venant, membre de la société des archives historiques de Saintonge et d’Aunis, rédige un manuscrit dans un petit cahier. Il s’agit sans doute d’un ouvrage destiné à la publication mais il n’y a aucune trace de ce livre dans l’inventaire de l’imprimeur. Daté du 14 Septembre 1915, son rédacteur, en préambule, explique qu’il a fait un important travail de recherche. Sans lui, il aurait été difficile de rédiger cet article. Il contient des références extrêmement précises. Cependant, l’exercice fut difficile tant la typographie était extrêmement petite, ce qui rend la lecture désagréable. Il faut relire plusieurs fois pour ne pas perdre le fil des phrases. En raison de la masse d’informations à traiter, cet article sera donc en 2 parties. Il ne reprendra qu’une partie de la généalogie des propriétaires.
La Toponymie (τόπος / tópos « lieu » et ὄνομα / ónoma « nom » est l’étude du nom des lieux au travers de l’histoire, la géographie, la sociologie, l’anthropologie. Elle mobilise également les sciences sociales.
En ce qui nous concerne, La Vallée portait très anciennement le nom de la Bordière. Elle a été formée par la réunion de 3 fiefs : le Breuil, les Groies et du Cormier. C’était avec Monmouton (aujourd’hui le Mouton) et le Tricholet, l’une des Seigneuries de la paroisse d’Archingeay. Cette dernière avec la Seigneurie de Champdolent, formait la Baronnie de Champdolent elle même était rattachée au comté de Taillebourg qui relevait du Roy en raison de son Château de Saint-Jean-d’Angèly.
Il était bien différent autrefois. Le logis comportait une tour hexagonale. Deux corps de bâtiments à gauche et à droite encadraient ainsi qu’une cour pavée aujourd’hui transformée en jardin. Dans la cour de la ferme se trouvait un pigeonnier. Derrière l’habitation se trouvait un vivier. Il y avait 2 lions monumentaux qui gardaient l’entrée du château.
Il est difficile de dater avec précision sa construction. D’après l’architecture de l’édifice on peut cependant le dater aux environs du XVème siècle. Une théorie persiste selon laquelle, le château était construit sur des vestiges gallo-romains. Une preuve de cette théorie existe encore. Néanmoins, si l’auteur de l’avait pas lui-même mentionné, il aurait été impossible d’en connaître son existence.
Il s’agit d’une citation latine gravée dans une plaque d’ardoise placée au-dessus de l’entrée d’une servitude.
Elle dit : QVI SATIS EST QVOD CONTIGIT NIHIL AMILIVS OITET
« celui qui se contente de ce qui lui arrive d’heureux, ne désire rien de plus »
Nous savons également qu’une fontaine romaine située non loin était renommée pour ses vertus médicinales. C’est à cet endroit qu’au XIXe siècle fut retrouvé un tombeau romain ayant appartenu à Athuasia Lueana nièce d’Ausone (Decimus Magnus Ausonius) poète latin du Vé siècle. Des armes, des pièces, des bijoux ont été retrouvés dans la fontaine.
Les renseignements les plus anciens remontent à 1450 date à laquelle Bertrande Galarde, dame de la Vallée mariée à Aimery Germain. Puis, plus rien. Ce n’est qu’au XVIe siècle que l’on retrouve les traces des illustres propriétaires.
Dans une minute (du 17 Juin 1638) de Maître Verjat, notaire à Saintes, il est fait mention que Charles Guitard acquis la Vallée en 1595.
Vous allez découvrir l’histoire d’une suite de propriétaires illustres. De hauts dignitaires qui avaient pour certains des fonctions au sein de l’Eglise et de l’armée. Dans cette lignée, d’autres avaient des fonctions royales. Leurs destins ne sont pas exempts de tragédies, souvent liées à notre histoire. Cette présentation s’étend du XVème au XVIIIème siècle. Ce ne fut pas sans difficulté à synthétiser tant la masse d’informations était grande. Je me suis efforcé de reprendre les faits historiques majeurs.
Né en 1519, Charles Guitard fut lieutenant général et président du présidial de Saintes (ancien nom du palais de justice fondé par Henri II en 1552) et doyen du chapitre. Il décède en 1598 à l’âge de 79 ans.
Son fils Jacques devient alors seigneur de la Vallée. Comme son père, il devient lieutenant général et président du présidial de Saintes. Il épouse le 13 Septembre 1571, Jeanne de Guillet dont il n’eut pas d’enfants.
Les armes de la famille Guitard étaient d’azur au mouton passant d’argent. Les Montaigne d’azur à une patte de lion d’argent mise en face, semée de trèfle d’or. Les Sossiondo, d’or coupé d’azur 5 burelles (ligne qui coupent le blason dans sa largeur) ondes d’argent et un souci mis en cœur et brochant sur le tout.
Nous allons arrêter ici la première partie de notre récit. Il reste encore des questions en suspens. Qu’est-il arrivé aux tours qui gardaient l’entrée du domaine ? Qu’est-il arrivé aux lions qui étaient à l’entrée ? Le sort sera-t-il tragique pour les membres de la famille lors de la révolution ? Je vous donne rendez-vous au prochain épisode.
Je tenais à remercier Sylvia et Emil SCHOEGJE, actuels propriétaires de la Vallée. Ils m’ont gentiment fourni une masse impressionnante d’informations, dont le précieux manuscrit d’Henry Venant.
Avec eux s’écrivent encore les pages de la Vallée. Ils ont conscience de vivre dans un cadre d’exception chargé d’histoire. Ils ont à cœur de conserver la demeure le plus proche possible de son état originel.