Episode 10 – Voyage à travers une monographie

Archingeay autrefois

Cette image générée par la puissance de l’IA (www.freepik.com) illustre bien le voyage dans le temps. Le sujet attise notre imagination. Et surtout comment changer le temps pour qu’il ressemble à ce que l’on souhaite. Le roman “tant que le café est encore chaud” de Toshikazu Kawaguchi parle de ce thème. 

Un autre livre est la source d’inspiration de cet article. C’est lors de la rédaction de l’article concernant le musée que Me et Mr Eric Zinth de Kentzingen me donnèrent un petit livret dactylographié datant de 1967. Il s’agit d’une monographie (étude approfondie, exhaustive, portant sur un sujet précis et limité) qui donne une vision de notre village ; son histoire, son activité économique, l’évolution de la population. 

L’histoire des noms de certains hameaux

La toponymie est l’étude du nom des lieux. Ainsi dans cet ouvrage, l’auteur explique que certains hameaux attestent de l’origine médiévale. Ainsi, il était courant de donner le nom du propriétaire aux lieux. Par exemple chez Goron, chez Pépin, chez Tranquart, chez Joulin, chez Hayeau, chez Michelot, chez Rousseau, chez Braudeau.

L’activité économique de l’époque

Archingeay

L’auteur qualifie l’activité économique des années 60 de modeste. Cependant, comme on peut le constater sur cette carte postale, les commerces étaient bien présents. On compte un poissonnier, un boulanger, une épicerie, un bar tabac, un forgeron devenu réparateur de machines agricoles et un potier. Il y avait des tisserands mais ils ont disparu aux environs de 1900. 

L’attraction des villes proches (St-Jean-d’Angély, Rochefort, Tonnay-Charente) est importante. Ces habitants demandent des produits agricoles ; légumes, œufs, volailles, lapins et fleurs. C’est pourquoi 3 fois par semaine, les fermiers du village vont vendre leurs produits au marché de Rochefort.

L’attrait de ces villes vide le village. Les jeunes vont travailler dans les usines situées à Rochefort,  et Tonnay-Charente (Sud-Aviation, Bois déroulés, Asturienne des mines, Zodiac). Le résultat, c’est la baisse de la population : 1142 en 1866 contre 601 en 1967.

Le climat

En raison de sa proximité avec le littoral, le climat est dit tempéré. Cela se ressent dans les températures. 

En Janvier on relève 5,5°. En Avril, 11,5 °, et 20 ° en Août. Les grandes chaleurs sont rares ; 8 jours à plus de 30 °. Les températures les plus froides descendent à  – 12 °. Les jours de gelés sont peu nombreux.  

Et à notre époque ? Peut-on noter des différences ? En Janvier les températures allaient de 1 à 8 °. En Avril, entre 7 et 13 °. En Août, entre 15 et 27 ° selon Météo France. 

L’agriculture – un pilier de la vie arcantoise

Dans son livret, l’auteur retrace la vie agricole en 3 grandes étapes. Marquée par des événements humains (la première et la seconde guerre mondiale et les facteurs économiques (de l’utilisation des animaux à l’arrivée des tracteurs).

Jusqu’en 1920, la polyculture est totale. L’élevage (bovins, ovins, porcins….). L’animal de trait est le bœuf.  

1921 – 1955. La polyculture se restreint et s’associe à un élevage bovin pour une production laitière. Le cheval a remplacé le bœuf et les rendements 

1956 – 1967. Elle est marquée par l’arrivée du tracteur (19 en 1955, 34 en 1967). Les céréales (surtout le froment) et l’élevage bovin pour les produits laitiers.

Les cultures fourragères

On sème beaucoup de luzerne de trèfle. Le sainfoin a beaucoup reculé. On récolte aussi de la betterave fourragère surtout la Danoise.

Je vends des pommes, des poires et des scoubidou bidou…

On plante des pommiers (reinette du Canada, reine des reinettes ou clochardes), des poiriers (William), des cerisiers (cœur  de pigeon, bigarreau, guigne).

Les peupliers

La culture est ancienne. On en retrouve les traces en 1880. Les conditions sont réunies pour la culture de ce bois : le terrain argileux et profond, les marais souvent inondés, le climat humide. Les plants de peupliers d’Archingeay sont réputés comme étant les meilleurs de toute la région. On cultive le Blanc du Poitou mais pour satisfaire les demandes des usines de bois déroulés on utilise des hybrides ; le robusta et surtout le 1214. Cet arbre pousse bien droit mais demande un élagage fréquent. Il est vendable au bout de 2 ans contre 3 à 4 ans pour le Blanc du Poitou. Le prix des plants à l’époque varie de 1,5 Francs à 3,5 Francs.

Le vin qui rend fou

A l’époque, il n’y a pas de vignes destinées au Cognac ou au vin de qualité mais une viticulture de consommation courante. L’exploitation était importante mais la crise du phylloxéra a causé des dommages importants. Une dizaine d’hectares tout au plus à l’heure où l’on rédigea le livret. Certains cépages furent interdits comme le Noah. C’est en 1934 qu’il a finalement été reconnu dangereux pour la santé lorsque des études ont démontré que ce cépage générait du méthanol lors de la fermentation alcoolique.

Or, le méthanol à forte dose est toxique pour le nerf optique. Le lien est fait : le cépage Noah rend aveugle. Cependant, il faut aussi prendre en compte la surproduction latente. Il faut donc réduire les volumes. C’est aussi une raison de l’interdiction.  Aujourd’hui des producteurs des Cévennes et en Ardèche tentent de relancer ce cépage et d’autres abandonnés.

L’évolution des exploitations agricoles

Les chiffres sont éloquents. La baisse des exploitations s’est accélérée. Pour l’auteur les raisons sont multiples ; baisse de la main d’œuvre, mécanisation, etc…. Ainsi leur nombre décroît ; 302 en 1882, 110 en 1955, 76 en 1959, 49 en 1967.

L’évolution de la population sans cesse en évolution

A travers ce feuillet, nous voyons l’évolution de la population jusqu’en 1967. Les exploitations agricoles d’autoconsommation sont passées à des exploitations de rendements. Dans le même temps, l’influence des villes voisines ont peu à peu vidé les habitants. 

Et après ? Selon l’Insee, si l’on reprend les recensements de la population, nous sommes passés de 531 en 1968 à 731 en 2021 avec une part importante de jeunes. Comment expliquer cette hausse. On peut se risquer à une interprétation. Le post Covid et le retour à la vie à la campagne peut être un des facteurs.

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